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Président de Lacroix Groupe Conseil à Montréal, une firme qui offre des services de consultation stratégique en gouvernance, l’auteur était jusqu'à tout récemment, Vice-président investissements au Fonds de Solidarité FTQ et Vice-président du chapitre québécois de l’IAS. **** Les chroniques qui apparaissent dans ce blog sont rédigées puis publiées dans le bulletin mensuel de l'Association des MBA du Québec. À noter qu'elles ne reflètent que l'opinion de l’auteur **** Vous pouvez également obtenir plus d'infos sur certains des services en gouvernance que Lacroix Groupe Conseil est en mesure de vous offrir en allant voir le site web à : http://www.lacroixconseil.com

vendredi 29 octobre 2004

Tout ce qui monte, redescend…

Commençons par une histoire inventée qui parle de liberté d’action et du droit de profiter du fruit de ses labeurs. Imaginons un propriétaire d’entreprise, travaillant, entrepreneur modèle et créateur d’emplois. Sa compagnie est profitable, peu peut-être, mais ça le fait bien vivre.

Ça commence avec le gouvernements et ses impôts et taxes. Il est légitime pour tous et chacun, de tenter de minimiser sa facture d’impôts. C’est possible grâce aux zones grises générées par l’interprétation, de la façon qui les avantage le plus, des multiples règles existantes. Cependant, certains tasseront la ligne, toujours un peu plus loin, parfois jusqu’à ce que le gris se noircisse.

Et ça se poursuit si notre entrepreneur se prend des associés-employés à qui il concède peu, tout en maintenant le contrôle sur la machine distributrice à bonbons. Contrôlant le profit net et surtout les bonis de performance au gré des ajustements comptables via des salaires familiaux, des « bénéfices marginaux » et autres éléments de dépenses inusités.

Puis vient le goût de croître plus rapidement et il se décide à solliciter du capital de tiers, qui achètent une partie de l’entreprise avec l’espoir d’en tirer leur juste quote-part des bénéfices. Mais, même s’il convient de respecter toutes les règles de bonne conduite et de comptabilité, les vieilles habitudes refont rapidement surface lorsqu’il se convainc qu’après tout, c’est grâce à lui si la compagnie fait des bénéfices… Il est alors à la recherche d’astuces qui lui permettront d’augmenter sa part du gâteau au détriment de ceux qui lui ont confié leur argent en toute confiance :
  • Salaires et bonis démesurés;
  • Dépenses personnelles camouflées;
  • Ventes au comptant (qui disparaissent);
  • Ententes avec des fournisseurs ou clients qui l’avantagent personnellement.

Une caricature d'un entrepreneur fou ? Et bien c’est exactement ce que le comité du CA qui a enquêté sur les agissements de Sir Conrad Black a trouvé. Seulement, à plus grande échelle et amplifié par le fait que Black contrôlait la compagnie via des actions multi-votantes. Selon son actionnariat, c’est 18% des bénéfices des 7 dernières années qu’il aurait du encaisser, au lieu de 95% comme ils le prétendent.

Ils ont même inventé un néologisme pour qualifier l’attitude qui prévalait au sein de la direction du groupe en parlant d’un régime de « cleptocratie corporative ». Quelle belle image, quelle triste affaire.

Ce scandale additionnel ne vient que jeter plus d’huile sur un feu déjà passablement allumé. Il est aberrant que de tels abus puissent encore survenir au sein d’une compagnie publique. Depuis longtemps, Stephen Jarislowsky utilise l’exemple du CA d’Hollinger (ou il a déjà siégé à titre d’administrateur) pour illustrer la nocivité des actions à votes multiples et les nominations de copinage au sein du CA. Il a essayé de changer des choses mais devant l’impossibilité d’y parvenir, plutôt que de les cautionner, il a préféré se retirer et dénoncer leurs agissements.

Comment éviter qu’une telle situation surgisse au sein d’une compagnie privée ? En utilisant les mêmes éléments de réponses, notamment :

  • Transparence;
  • Indépendance des administrateurs;
  • Mise en place de processus de divulgation étanches.

Individuellement, à titre d’administrateur de compagnie, il vous faut éviter de vous rendre complice d’une telle situation. Vous êtes fiduciaire et mandataires de l’intérêt de tous les actionnaires, et non ceux de celui qui vous nomme. N’oubliez jamais que, comme le prédisait Newton, tout ce qui monte redescend…

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#7 - Bulletin AMBAQ d'octobre 2004